L'équilibre de la Sécurité sociale : souvent promis, rarement atteint
Les unes après les autres, les majorités au pouvoir traînent le boulet du déficit de la Sécurité sociale comme Sisyphe poussait son rocher. Avec l'espoir sans cesse contrarié de remonter la pente. L'équilibre des comptes du régime général est devenu une annonce rituelle. Mais, en dehors d'une courte parenthèse, entre 1999 et 2001, il n'a jamais été au rendez-vous depuis une vingtaine d'années marquées par des déficits parfois abyssaux. Voici les principaux précédents de ces engagements non tenus.
- Alain Juppé, novembre 1995 : le redressement en deux ans
Présenté le 15 novembre 1995, le « plan Juppé », du nom du Premier ministre de l'époque, affiche des objectifs d'une ambition sans précédent. Il prévoit de ramener un déficit de plus de 10 milliards d'euros fin 1995 à moins de 5 milliards d'euros en 1996, avant d'atteindre l'équilibre fin 1997. Alain Juppé mise notamment sur un encadrement des dépenses maladie, une restructuration des hôpitaux, la réforme des régimes spéciaux de retraite... Le déficit du régime général atteint encore 8 milliards en 1996 et 5 milliards d'euros en 1997.
- Martine Aubry : 15 milliards d'excédents annoncés pour 2001
Pour la première fois depuis neuf ans, la belle conjoncture économique laisse entrevoir la possibilité d'excédents financiers. Le gouvernement socialiste de Lionel Jospin présente pour 1999 un budget de la Sécurité sociale juste à l'équilibre. Il le sera, en effet, à 700 millions d'euros près. Pour 2000 et 2001, Martine Aubry, ministre des Affaires sociales, promet des excédents respectivement de 3,3 milliards puis 15,4 milliards d'euros. Ils n'ont pas dépassé 800 millions et 1,1 milliard d'euros.
- Jacques Chirac : l'assurance-maladie tirée d'affaire en 2007
Ce fut la grande promesse présidentielle de l'année 2004. Au cours de ses voeux, Jacques Chirac s'engage à ramener l'assurance-maladie - la plus mal en point des branches du régime général - « vers l'équilibre » en 2007. C'est la feuille de route de la réforme de 2004, qui porte le nom de Philippe Douste-Blazy. Celle-ci instaure notamment un prélèvement de 1 euro par consultation et un dossier médical personnel (pas encore mis en place à ce jour). Fin 2007, le solde de la branche maladie est attendu à - 6,2 milliards d'euros.